Paris: Larousse, 1988. — 692 p.
Le domaine lexical recouvert par le dictionnaire correspond aux limites historiques de Vancien français proprement dit et s'étend de la Chanson de Roland jusqu'à 1350, à l'exclusion, par conséquent, des écrits de Froissart, de Bersuire et d'Oresme. Cette distinction de l'ancien et du moyen français, tout en donnant au lexique traité un caractère plus homogène, a permis, en gardant le format de dictionnaire de consultation courante, de doubler au moins le nombre de mots introduits ; plus de 80 p. 100 des mots décrits par Godefroy se retrouvent ainsi dans le dictionnaire réduit.
L'espace ainsi gagné a permis, d'autre part, de corriger l'erreur traditionnelle qui consiste, en pratique, à ne considérer comme appartenant à l'ancien français que des mots qui n'existent plus en français moderne sous leur forme graphique identique ou comparable. Nous ne nous sommes pas contenté d'intégrer dans le fonds de l'ancien français les mots les plus communs faisant partie de ce qu'on appelle le vocabulaire fondamental : ayant remarqué que ces mots sont souvent soumis à des changements de sens considérables, nous les avons traités, en les expliquant, en multipliant les définitions de leurs acceptions, avec un soin particulier.
L'image de l'ancien français aurait été, d'autre part, déformée si l'on avait exclu du dictionnaire les emprunts au latin, qui commencent à devenir nombreux à partir de la seconde moitié du XIIF siècle et caractérisent en partie cette période du Moyen Âge que Marc Bloch appelle le «troisième âge féodal» (1250-1340). Même si un grand nombre de ces mots savants se retrouvent en français moderne, leur sens est généralement plus proche de leurs modèles latins que de celui qu'ils possèdent aujourd'hui. Le dépérissement progressif des études latines nous a paru justifier, sur le plan pratique, leur intégration.